Totalement immergée dans un mode de vie écologique, je traque sans relâche dans le quotidien les initiatives et les leviers permettant de changer les comportements et bouger les lignes.
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Cela se passe peu souvent dans une vie. On termine un livre et on décide qu’on ne fera plus jamais comme avant. C’est ce qui m’est arrivé en refermant le dernier ouvrage de Jonathan Safran Foer, « Faut-il manger les animaux ? »
J’étais probablement suffisamment engagée dans la réflexion autour de mon alimentation carnée pour y renoncer aussi radicalement. N’empêche, ce que dénonce Jonathan Foer dans ce livre pourrait bien ébranler vos convictions !
Un livre paru l’année dernière, Bidoche de Fabrice Nicolino abordait la même thématique. Mais là où Fabrice Nicolino se livrait à un véritable procès à charge contre l’élevage industriel, dans un style aussi tranchant et froid que les couteaux des bouchers des abattoirs, Jonathan Foer répond par un plaidoyer en faveur de la cause animale.
Pour cela, il a dédié trois années de sa vie à aller à la rencontre d’éleveurs, à visiter clandestinement des « fermes » d’élevage, à compiler des données et recueillir des témoignages, à faire progresser ses réflexions au rythme des avancées de sa vie personnelle.
Au bout de son enquête, cet ouvrage (dont la couverture même est loin d’être anodine), dans lequel il s’interroge sur la meilleure façon de parler de notre façon de manger des animaux. Un subtil mélange de récit pur (autobiographie, visite commando d’une ferme industrielle), de réflexions philosophiques, de courriers, de visuels, de chiffres, de témoignages… Au final, autant d’entrées diversifiées que parlantes pour nous sensibiliser à sa cause, celle des animaux.
Et mieux vaut ne pas l’être trop sensible, justement, pour lire toutes ses pages. Celles consacrées à la façon dont les animaux sont abattus sont purement insoutenables et je dois avouer que je n’ai pu aller au bout de certaines.
Un tel témoignage reste pourtant essentiel. Pour savoir. Parce que Jonathan Foer est intimement convaincu que lorsqu’on sait, on ne peut plus continuer comme avant.
Alors, que sait-on lorsqu’on referme son livre ?
:: Que le lien élevage industriel/développement des pandémies planétaire est avéré.
:: Que les animaux enfermés dans ces élevages seraient incapables de survivre dans le milieu naturel tant ils triturés génétiquement. L’incapacité des dindes à se reproduire avait fait l’objet d’une expérience très révélatrice dans l’ouvrage de Barbara Kingsolver, Un jardin dans les Appalaches.
:: Que la merde, telle que la nomme sans détour Jonathan Foer, pose des problèmes gravissimes.
:: Qu’il ne fait pas bon être un poussin dans un élevage industriel.
:: Que la découverte de la notion du bycatch (prise accessoire) désignant la capture « accidentelle » de créatures marines remettra aussi en question votre consommation de poissons et autres crustacés.
:: Que le prix de la viande industrielle est artificiellement maintenu au plus bas parce que les pollutions générées par l’élevage industriel restent à la charge des collectivités publiques.
Voilà bien évidemment un tout petit aperçu de la quantité d’informations délivrée par Jonathan Foer. A chaque page sa découverte, généralement écœurante.
Inutile de préciser qu’arrivé à la 363ème page, on déborde d’informations sur l’élevage industriel et qu’on aura légitimement engagé sa réflexion sur le fait de se nourrir d’animaux provenant de ces endroits directement inspirés de l’enfer. Et peut-être même que comme moi, renoncerez-vous à manger tout animal ?
Parce qu’il n’est pas dans la culpabilisation. Parce qu’il part du principe que lorsqu’on sait, il est difficile, voire impossible, de continuer comme avant. Parce qu’il insiste sur le double oubli qui préside à notre consommation de viande : nous oublions que nous mangeons un animal mort et comment il est mort.
Et parce qu’il ne manque pas de rappeler l’enjeu le plus essentiel soulevé par l’élevage industriel, l’hypothèque qu’il pose sur l’avenir d’un patrimoine génétique que des centaines de générations avant nous ont patiemment édifié.
Des phrases choc :
- « Nous avons laissé mener la guerre contre les animaux que nous mangeons. »
- « L’élevage industriel considère la nature comme un obstacle qui doit être surmonté. »
- « Les barons de l’élevage industriel savent que leur modèle d’action repose sur l’impossibilité pour les consommateurs de voir (ou d’apprendre) ce qu’ils font. »
- « L’idée n’était pas encore venue aux éleveurs de traiter les animaux vivants comme des animaux morts. »
- « Lorsque nous mangeons de la viande issue de l’élevage industriel, nous nous nourrissons littéralement de chair torturée. Et de plus en plus, cette chair devient la nôtre. »
- « Plus les gens découvriront ce qui se passe en zone de tuerie, moins ils mangeront de viande. »
- « Au bout du compte, l’élevage industriel n’est pas là pour nourrir les gens, il est là pour faire de l’argent. »
++ Pour aller plus loin++
- Dossier Mollat : Mes premiers pas vers une alimentation moins carnée (avec Bidoche, de F. Nicolino).
- Meet your meat (attention, certaines images sont difficilement soutenables) :
Je vous encourage à visiter le site http://www.ecoloinfo.com/pour d’autres photos, vidéo, et d’autres articles bien évidemment ! Fructueuse lecture, Wakanda.