Le stress
par Michael
« Un changement brutal survenant dans les habitudes d'une personne,
jusque-là bien équilibrée, est susceptible de déclencher un bouleversement
dans sa structure psychique et somatique. »
Hans Selye.
Hans Selye est un des premiers chercheurs à s'être intéressé au stress, dès
le début du 20 ème siècle. Dans son ouvrage « stress of life », il décrit le
stress comme une réponse défensive d'alarme émanant d'un organisme
menacé. De cette constatation il en élabore sa théorie du stress, mot
qu'il introduit lui-même en médecine.
Aujourd'hui le stress est un mot que l'on entend souvent, un terme récurant
pour expliquer bon nombre de nos désordres psychiques et physiologiques.
Notre société moderne est imprégnée de stress, une vie effrénée, un
emploi du temps surchargé, des objectifs de résultats, la pollution,
le bruit, l'incertitude socio-économique, la perte de repères, etc.
Le stress est devenu depuis l'ère de la consommation de masse des
années 60 un des facteurs clés du mal être généralisé de nos villes. Il a pris
une dimension particulière, une place majeure dans nos esprits à tel point
que chacun en connaît intuitivement les effets sans connaître forcément
ses origines et surtout les méthodes thérapeutiques visant à le diminuer.
Nous allons tenter dans un premier temps de définir et de comprendre
les processus d'apparition du stress sur le plan physiologie et psychologique.
Dans un deuxième temps, partant de la compréhension du stress dans
toute sa structure, nous verrons les différentes méthodes mises en œuvre
dans le but de lutter efficacement contre le stress.
I/ Une définition du stress :
• Etymologie :
Le mot stress vient du latin, stringere et stressus, qui signifient serré. En vieux
français stress signifie étroitesse et oppression. Ces recherches
étymologiques nous indiquent bien notre ressenti lorsque le stress nous
étreint. La gorge et l'estomac se resserrent, la trachée artère se rétrécit
et un sentiment d'oppression se fait ressentir sur notre être. Les anciens
avaient donc vu juste, mais aujourd'hui grâce aux avancées des sciences nous
pouvons établir une définition plus précise du stress sur les différents plans
de son action, c'est-à-dire le physique et le psychologique, puis le lien
psychosomatique qui les unit.
• Physiologie :
Il est souhaitable de comprendre tout d'abord le processus physiologique
du stress chez l'animal afin de l'adapter à l'humain. Lorsqu'un animal
rencontre un danger quelconque son cortex reptilien (cerveau primitif,
instinctif) lui annonce deux solutions possibles :
- La première, la fuite devant le danger : en s'éloignant ainsi de la source du
stress, on élimine les signaux externes qui l'ont causé.
- La deuxième, l'attaque, dans le but de supprimer la source du stress et
ainsi par là même d'éliminer les signaux externes qui l'ont fait apparaître.
Physiologiquement le stress provoque une accélération du rythme cardiaque,
une amplification de la respiration, une élévation de la tension artérielle,
la sécrétion d'hormones corticosurrénales qui à terme peuvent
engendrer des ulcères gastriques et des affections dermatologiques.
Aujourd'hui notre héritage génétique nous a légué ce même cerveau reptilien
sur lequel s'est ajouté par le biais de l'évolution deux autres cerveaux.
Le cortex limbique, siège de nos émotions, et le néo-cortex, siège de l'intellect.
Mais malgré notre évolution, face à des événements qui mettent en danger
notre intégrité physique, nous agissons pour la plupart très instinctivement.
Là où un seul cerveau (reptilien) nous aurait offert deux options assez
simples en vue de la disparition du stress, nous compliquons les choses.
Nous les compliquons et au fond cela fait partie de notre évolution, de ce qui
nous diffère de l'animal. Mais le problème est qu'il s'effectue souvent un
emballement entre notre cerveau reptilien qui nous dit de fuir ou de nous
battre, le cerveau limbique qui indique d'avoir des émotions fortes et notre
néo-cortex qui nous demande de comprendre le phénomène.
Ce même néo-cortex a créé une société civilisée où il est impossible
d'extérioriser son stress, de l'effacer ou de fuir les causes. On ne peut
agresser son patron par peur de perdre son emploi ou fuir subitement pour les
mêmes raisons et bien d'autres encore. Ainsi, l'humain moderne semble
prisonnier de son stress, il ne peut le faire sortir, et ainsi, ce stress physique
tente de se faire connaître de notre psyché par différents moyens.
c) Psychologie :
On l'a vu le stress agit fortement sur notre corps, il l'oblige à réagir par
différents stimuli physiologiques. Mais, quand les réponses ne peuvent
atteindre leurs finalités, c'est la psyché qui emmagasine l'information et
tente tant bien que mal de résoudre les conflits générés. Une action
pourrait rétablir l'équilibre psycho-physiologique et entraîner une sensation
de bien-être et de satisfaction. Mais il arrive que cette action ne puisse
avoir lieu pour des raisons sociales ou morales ainsi il convient de comprendre
les structures psychiques du stress afin d'établir les méthodes de gestion et
de résolution du stress.
Le stress psychologique concerne l'état de tension, de préoccupation ou
d'activation excessive subies. Parfois extrême, parfois tonique, il s'agit d'une
notion qui est considérée comme un facteur de vulnérabilité dans le
développement de pathologies diverses, physiques et mentales.
Psychologiquement le stress peut prendre plusieurs aspects :
- Des obsessions diverses pouvant découler sur des troubles anxieux sévères
liés à l'objet du stress, des imageries mentales récurrentes, cauchemars,
peurs incontrôlées.
- Cyclothymie, instabilité émotionnelle, réactions disproportionnées,
évitements et vérifications.
- Perte de mémoire, fatigue nerveuse, perte de tonus, démotivation.
La frustration, vient s'y ajouter, ce sentiment d'insatisfaction provoqué par
le constat du stress où l'on se sent vulnérable et en souffrance et dans
l'incapacité de s'en sortir.
Si le stress psychologique se prolonge sur un long terme, il apparaît des
maladies organiques. Ces maladies sont interprétées comme le moyen du
corps d'indiquer un mal aise psychique. Mais étant donné que
physiologiquement le corps n'a pas pu extérioriser le stress, que ce
stress a été refoulé violemment,, il développe une maladie (une maladie est
un mal à dire) dans le but d'attirer l'attention sur un problème d'ordre
psychique, le stress est somatisé.
• Psychosomatique :
D'après Sami-Ali le stress doit être considéré comme un équivalent de
« la situation d'impasse. » Car ni la fuite, ni l'attaque ne sont possibles et
ainsi le problème ne trouvant pas de solution s'engage vers la dépression ou
la somatisation. Le stress chronique peut engendrer une déficience du
système immunitaire, et à terme, une cellule anormale peut se développer en
cancer.
Le stress possède des influences sur les fonctions digestives et à terme
provoque des lésions et des ulcères gastriques. Le stress déclenche
de nombreuses hormones corticoïdes responsables des inflammations
gastriques comme le montre le schéma suivant.
Le stress est un effet, il découle d'une cause qui possède, en fonction
des cas, plusieurs origines. On peut dire que les causes du stress se sont
complexifiées avec l'évolution du cerveau humain. Au début, très primitif,
le stress était dû à une menace physique de l'intégrité du corps.
Aujourd'hui, bien que le stress continue d'être lié à notre instinct de
conservation, il s'est infiltré dans les subtilités de notre psyché.
Et au-delà de l'instinct, ce sont les émotions et les interactions avec
nos semblables qui causent le stress.
Plus profondément encore un stress peut être la résultante d'un refoulement
inconscient et pas seulement une cause bien identifiée. Souvent on pense
que le stress provient de facteurs communs comme la charge de travail,
la pression sociale ou autre. Mais vient aussi se surajouter des facteurs
inconscients bien étudiés entre autres par la psychosomatique.
Si l'inconscient ne peut informer le conscient du trouble qui pèse sur lui,
si le barrage du conscient ne peut laisser l'abréaction se produire, alors
le trouble se déplace dans le corps, c'est la maladie psychosomatique.
Le schéma suivant montre clairement que le stress forme un barrage entre
le conscient et l'inconscient. Il ne permet pas au patient d'aller puiser dans
ses ressources inconscientes l'origine du mal être.
II/ Méthodes et thérapeutiques :
• Stress positif et négatif :
Il est bon de différencier le stress négatif (Distress) et le stress positif
(Eustress), le premier s'installe bien souvent de manière chronique et
cause à terme des maladies psychosomatiques.
Le second quant à lui consiste en une excitation, un stimuli suffisant pour
déclencher une adaptation rapide. Ce stress est caractérisé par une
excitation qui mobilise tous nos sens.
On retrouve par exemple dans cette catégorie, le trac de l'artiste ou du sportif, ou de
l'amoureux avant un premier rendez-vous. Ce stress joue un rôle dans la
concentration et la mobilisation des ressources, ce sont des stimulants.
• La gestion du stress :
Maintenant que nous connaissons un peu mieux le stress, tout du moins
d'un point de vue théorique, il nous est désormais possible d'établir
des modalités thérapeutiques.
Dans un premier temps nous allons voir une méthode simple de gestion du
stress que chacun peut utiliser sans la présence d'un thérapeute. Cela
se présente plus comme une philosophie du stress qu'une thérapie analytique
ou autre.
Le stress est causé la plupart du temps par une impasse relationnelle,
un mauvais rapport entre deux ou plusieurs personnes en entreprise ou
en famille.
Face à cela il convient d'avoir une attitude honnête avec soi-même, avouer
ses torts et ses droits et surtout communiquer par l'auto expression des
sentiments.
Ne pas avoir peur de dire oui ou non, savoir mettre fin à une relation trop
stressante, écourter une communication ennuyeuse ou faire un point sur
les comportements stressants de l'autre.
Prendre le temps pour soi, choisir ses priorités, ne plus se laisser manipuler
sans réagir ou encore ruminer les problèmes.
Relâcher les tensions nerveuses en faisant du sport, se créer un équilibre
alimentaire, une hygiène de vie. Diminuer les excitants, tabac, café,
alcool et autres. La relaxation, la méditation peuvent être de précieuses
aides pour apprendre à se connaître soi-même : par la maîtrise du souffle,
on acquiert la maîtrise de soi.
Voici donc quelques conseils pour impulser une meilleure gestion du
stress, mais dans certains cas ils ne suffisent pas et là l'intervention d'un
thérapeute ("ou accompagnement d'un bon praticien") s'avère indispensable.
Nous allons voir succinctement certaines approches thérapeutiques qui
permettent de diminuer, voire guérir le stress chronique.
• La psychothérapie cognitivo-comportementale :
C'est Hans Selye qui le premier donna une définition claire du stress,
les thérapies comportementales se sont fortement inspirées de ses travaux.
Le cognitivisme est avant tout une science de la pensée. On analyse donc
ce qui, dans les pensées, modes de pensées, croyances, dysfonctionne
et génère le mal-être.
Ce schéma évoque la structure de l'analyse fonctionnelle du dysfonctionnement
L'analyse fonctionnelle permet de mettre en évidence les émotions
(sentiment d'incapacité), les cognitions personnelles qui impliquent des
paroles telles que : « dans ma vie tout est stressant, je suis à bout,
c'est infernal, etc… ». Mais aussi certaines imageries mentales qui
déclenchent le stress. Ainsi on tente de voir si le patient cumule
ou non les facteurs stressants, comme les problèmes de santé, les conflits
affectifs.
Dans l'ensemble, les thérapies cognitivo-comportementales tentent de
réadapter l'individu à une situation extérieure à laquelle il ne s'adapte pas
car il est stressé. Ainsi, la thérapie va consister en la reprogrammation
des schèmes comportementaux du patient face aux situations stressantes
et ainsi tenter d'impulser son adaptation et sa compréhension du stress.
• La relaxation psychosomatique :
D'une manière générale les techniques de relaxation ont pour but
d'obtenir un contrôle physiologique, réduisant les effets du stress.
Même si les méthodes sont nombreuses, un objectif commun les rassemble :
« la maîtrise de l'équilibre nerveux et hormonal par un ralentissement
physiologique général conditionnée par la diminution du tonus sympathique. »
Les méthodes de relaxation peuvent se ranger en deux catégories principales.
• Les méthodes centrées sur la relaxation du corps et qui sont appelées
« méthodes de relaxation muscles vers esprit ».
• Les méthodes de relaxation appelées « méthodes de relaxation esprit vers
muscles ».
d.1) Méthodes de relaxation « muscles vers esprit » :
Elles s'appuient sur la relation réciproque existant entre le corps et l'esprit,
la relaxation du corps influence la relaxation psychique. La relaxation a son
origine dans un état physique de relaxation, qui se généralise ensuite pour
produire un état mental de calme. Le but est d'obtenir un relâchement
psychique par la maîtrise du tonus musculaire et ses facultés de
détente/contraction. La tension musculaire étant un indicateur d'un état
d'anxiété et de stress.
Parmi les principales méthodes « muscles vers esprit » on trouvera :
• La relaxation progressive de Jacobson :
Cette méthode enseigne au patient la maîtrise progressive de chaque
groupe musculaire, l'expérimentation des états de contraction et de détente
des muscles. Par la maîtrise des différents états du muscle le patient
peut ainsi mieux maîtriser les facteurs stressants de sa psyché.
Quand les muscles sont relaxés, ils transmettent moins de stimulations
au système nerveux central. L'état de sérénité mentale est atteint
par la réduction des stimulations musculaires dirigées vers le cerveau.
d.2) Méthodes de relaxation « esprit vers muscles » :
• Les méthodes méditatives et respiratoires :
Ces méthodes empruntées en partie aux techniques ancestrales de l'orient,
constituent des moyens pour atteindre les états physiques et mentaux
désirés. Elles agissent directement sur la relaxation de l'esprit et produisent
indirectement une relaxation physique.
Inspiré du Zen et du Taï Chi Chuan, la Sophrologie tente de « laïciser » le
contenu et d'apporter les outils thérapeutiques fondamentaux
nécessaires à l'acquisition de la relaxation psychique et corporelle.
La relaxation et la concentration sur les sensations corporelles permettent
de faire émerger des sensations de calme et de sérénité qui vont servir
à améliorer la perception du corps. Par l'acquisition d'une posture et d'une
respiration ample et profonde le patient régule ainsi progressivement
les impulsions neuromusculaires responsables des tensions psychiques
liées au stress.
• Le training autogène de Schulz :
Cette méthode comporte deux cycles, l'inférieur et le supérieur, le cycle
supérieur est une psychothérapie, le cycle inférieur, permet l'apprentissage
de la relaxation. Il est composé d'un certain nombre d'exercices, de stades,
qui permettent de parvenir à la détente et d'obtenir une « déconnexion
générale de tout l'organisme » . Le training autogène est un contrôle
intentionnel du système nerveux autonome. Le training autogène
implique un contrôle conscient sur des systèmes qui autrement agissent
sur une base automatique ou involontaire. Dans le cas du stress cet
apprentissage permet une régulation de l'influx nerveux généré par une
situation stressante. La pratique régulière permet ensuite de pratiquer
des techniques de suggestion positive améliorant la maîtrise de
soi en conditions stressantes.
Conclusion :
Nous avons vu à quel point le stress est un mal qui a pénétré notre société
moderne par de nombreux accès. Il a envahi notre sphère
professionnelle, familiale, personnelle, parasite violemment les rapports
humains et plus encore il précarise l'état de santé de la population.
Depuis de nombreuses années les thérapeutes élaborent des méthodes
toutes plus efficaces les unes que les autres dans le but de diminuer les
effets du stress sur l'humain. Grâce à la compréhension des mécanismes
du stress et de son impact psychosociologique il nous est possible d'espérer
voir diminuer à terme certaines maladies psychosomatiques.
Dans un monde où l'humain se retrouve coupé du tout qui le constitue, des
cycles naturels du vivant, la connaissance de soi, par le biais des
psychothérapies, entraînera peu à peu une prise de conscience globale.
Cette prise de conscience des conditions psychiques dramatiques de
l'humain moderne permettra peut-être de voir un jour s'établir des
structures sociales qui permettront à l'humain de développer davantage
un potentiel encore inexploité.
Bibliographie :
- « Dictionnaire de psychothérapie cognitive et comportementale »
Daniel Nollet et Jacques Thomas, Ed. Ellipses – 2001
- « La relaxation psychosomatique » Sylvie Cady, Ed. Dunod– 2003
Autres sites : Doctissimo
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/stress_angoisse/niv2/
stress-relaxation.htm
Apprendre à apprendre : http://apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/
stress-relaxation--8-30.html