GUERIR SON ENFANT INTERIEUR
Extrait du livre de Moussa NABATI
La compréhension de ce qui stresse et se joue entre l’adulte et son enfant intérieur, éclairé par le passé familial, comporte des vertus bénéfiques et libératrices.
Ca apaise le sujet en l’aidant à réaliser que sa souffrance n’est pas consécutive à un manque réel dans l’ici et maintenant, réparable concrètement, mais qu’elle constitue l’expression des craintes de son enfant intérieur et qu’elle est donc porteuse de sens.
Si l’adulte ne réussit pas à réaliser son bonheur, si il s’épuise dans des conflits intérieurs,
c’est parce qu’il est immature, insuffisamment adulte malgré son âge, en raison de son
envahissement par son enfant intérieur, lequel confisque sa libido.
Cela se produit lorsque le sujet n’a pas vécu pleinement son enfance, avec tout ce que cette période comporte de légèreté et d’insouciance, dans sa fonction et place, en son lieu et temps; il reste puéril, infantile, parfois toute son existence, figé, riveté, à son passé, car il s’est trouvé trop précocement dans une position d’adulte ; il n’a pas eu la chance, étant petit, de déguster sa petitesse, d’être suffisamment bébé, petit garçon ou petite fille.
Bousculé par l’angoisse et la culpabilité, il a du s’évader de son enfance pour s’ériger en
gardien et thérapeute de ses parents.
Il a subi la maltraitance et/ou a assisté en spectateur passif et impuissant à la souffrance de ses parents : dépression, maladie, mésentente…
Il s’agit là d’une enfance non consommée, avortée, sautée, inaccomplie, inachevée, manquée, ratée, BLANCHE.
Comment se réparer, en faisant son deuil, de la petite fille ou du petit garçon que l’on n’a pu être pour continuer sa croissance ?
Cette enfance blanche ne disparaitra pas, elle s’isole et va s’exiler dans les catacombes de
l’inconscient …
Cependant, elle ressurgira un jour, venant hanter la « maison soi » tel un fantôme errant,
malfaisant parce que malheureux.
Il revient sous la forme de symptômes gênants, obsédants, mais incompréhensibles pour le sujet, sans lien causal intelligible avec sa réalité présente.
Ce n’est pas l’adulte qui souffre, mais à travers lui, son enfant intérieur, séquestré par le
fantôme.
Plus le sujet s’est vu empêché de vivre sa vie d’enfant, plus il sera poursuivi, ligoté par le
retour du refoulé exigeant la satisfaction de ses demandes demeurées en suspens.
Il est impossible de devenir véritablement adulte si l’on n’a pas été d’abord enfant, puis
adolescent.
Toute souffrance reconnue, assumée, se digère, perdant ainsi de son intensité et de sa
nuisance ; elle se transforme alors en engrais, en nourriture affective, en ange gardien
boostant l’énergie vitale.